mardi 24 décembre 2013

Le dressage du poulain selon Alfonso Porras Maestre



Traduction à partir du livre « El caballo y su doma » d’Alfonso Porras Maestre



Qui est Alfonso Porras Maestre ?


Alfonso Porras Maestre est né le 30 juillet 1923 à Lucena dans la province de Cordoba en Espagne où il est également mort le 26 mai 1988. C’était un cavalier de renom mais également un torero de Lucena. Son amour et son dévouement durant quarante ans, ont fait de lui une référence dans le monde de l’équitation espagnole, en particulier dans le dressage de haute école.

Avec lui, commença la saga dite « Porras », il transmettra à ses enfants et petits enfants,  l’amour et le talent dans le domaine équestre.

Il a créé sa propre école d’équitation à Lucena dans les années 50 qui est depuis très célèbre et très prisée. Dans cette école, Alfonso Porras Maestre a débourré et dressé ses propres chevaux pour lui et son fils Pepe mais aussi pour différents toreros et pour de nombreux fans.



Il est l’auteur du livre “El caballo y su doma” (Le cheval et son dressage), publié en 1980, qui est un véritable manuel pour guider les débutants dans les premières étapes de cet art équestre de haute école.


Comment doit être le manège pour le dressage ?



Au début, le manège doit être de petite taille, ainsi on peut mieux dominer le cheval depuis le centre jusqu’à ce qu’il apprenne à marcher aux trois allures naturelles, à recevoir la selle et la bride, qu’il soit monté et qu’il apprenne les aides.

Une fois, ce travail terminé, on passera sur un plus grand manège et plus tard, on sortira en extérieur lorsque le cheval sera totalement dominé et dressé.

Pour le moment, nous travaillerons dans un manège couvert de 10 x 12 m.



Comment commencer le dressage ?



Une fois que le poulain est dans son box, il faut commencer par lui toucher et caresser le corps ainsi que les antérieurs et les postérieurs, nous ne lui demanderons pas de nous donner les pieds avant de le préparer pour le ferrage.



Maintenant, nous allons commencer à mettre le caveçon avec beaucoup de prudence. Au début, le poulain ne se laissera pas faire jusqu’à ce que petit à petit, il se calme et se laisse enfin manipuler. A aucun moment, il ne faut utiliser la force pour lui poser le caveçon, sinon pour la prochaine fois, il gardera un mauvais souvenir de cette expérience et se débattra encore plus violemment.



Une fois que le poulain se laisse mettre et enlever le caveçon avec facilité à l’intérieur du box, il est venu le moment de le sortir dans le manège.
En manège, un professeur seul peut effectuer le travail mais au début, il est utile d’avoir de l’aide d’un assistant pour que l’un tienne la corde du caveçon et l’autre prenne la chambrière.
Le premier conduit le cheval jusqu’au manège et le deuxième se place derrière pour l’obliger à suivre, ne surtout pas le coller, il suffit de lui montrer la chambrière pour que le cheval aille de l’avant. Premier principe du dressage.

Une fois dans le manège, si le cheval a bien marcher, qu’il a bien suivit le professeur, il est important de le récompenser par une caresse pour le flatter et lui donner confiance. Ensuite, le professeur prend la corde du caveçon avec sa main droite à 50 cm de la tête du poulain et lui montre le parcours à suivre, en même temps, l’assistant l’encourage, sans le coller, à suivre le professeur.
Après quelques tours du manège, on arrête le cheval sans oublier de le récompenser par des caresses et le réconforter avec la voix. A partir de là, le cheval va connaître la piste et va se familiariser avec ce qui l’entoure. Cet exercice doit se faire à chaque main, à main droite puis à main gauche.



Ceci est le premier principe de dominance sur le cheval, puisqu’on l’oblige à marcher au pas, à suivre le professeur sans sortir des allures que l’on lui a demandé (galoper, trotter, etc.).

Beaucoup de professeur indiquent dans leur livre, que quand on sort un cheval au manège, il faut le laisser aller à l’allure qu’il a choisit. Dans ce cas, le cheval ne reçoit pas la première leçon de dominance et de soumission que nous cherchons. Tout va suivre ensuite, c’est important pour avoir un bon dressage. Il est nécessaire d’avoir un bon ciment comme pour construire un immeuble. En premier, dominance et soumission et après le dressage.



Une fois cette première étape réalisée et lorsque que l’on a un cheval tranquille, le professeur recommence à conduire le cheval sur la piste mais en lui laissant cette fois-ci plus de liberté avec la longe, ce qui va créer une plus grande distance entre le cheval et le professeur jusqu'à ce que le professeur rejoigne le centre du manège. Cette transition se réalise petit à petit, il ne faut pas abandonner le cheval précipitamment et surtout ne pas le laisser changer d’allure, il doit rester au pas. Si le cheval commence à accélérer pour trotter ou galoper, il faut effectuer des petits à-coups avec le caveçon en lui répétant à haute voix « au pas, au pas » pour le réconforter.

Une fois que le professeur est placé au milieu de la piste, il fait faire quelques tours au cheval toujours avec son assistant qui cette fois-ci est placé au côté du professeur avec la chambrière dirigée derrière le cheval pour l’empêcher de s’arrêter.


Une fois que le cheval marche franchement et obéit bien à la voix, qu’il s’arrête lorsqu’on lui ordonne et se met à marcher lorsque le professeur lui demande, nous pouvons commencer à lui demander le trot de la même manière qu’au pas. On lui ordonne le trot avec une voix énergique et l’assistant l’aide en lui montrant la chambrière.
Une fois que le cheval sait partir au trot et s’arrêter sous les ordres du professeur, il faut amener le cheval au centre de la carrière et le récompenser. Il faut répéter cet exercice pendant quelques jours sans passer au galop jusqu’à ce que le cheval exécute les ordres à la perfection. Ce travail doit se faire petit à petit et l’évolution du cheval dépendra de son tempérament.
Le passage au galop est plus compliqué car le cheval doit sortir au galop sur le bon pied, il ne faut pas le laisser galoper à faux. Dans ce cas, le repasser au pas, et lui redemander le départ au galop jusqu’à ce qu’il parte du bon pied.


Cette première leçon doit être réalisée avec beaucoup de patience et de douceur sinon on risque de dégoûter le cheval du travail si on le punit sans raison.

Lorsque le cheval marche parfaitement aux trois allures et aux deux mains, il est temps de lui apprendre à changer de main. Le professeur doit commencer à tirer la tête du cheval vers l’intérieur de la piste grâce à la longe pour que le cheval regarde le côté ou il doit tourner. C’est un exercice qui fait travailler la flexibilité du cou et de la nuque du cheval. On alterne ce travail à chaque main. Ensuite, on refait cet exercice  en appelant le cheval pour qu’il vienne jusqu’au professeur, s’il le fait, on le félicite aussitôt, sinon on continue ce travail jusqu’à ce qu’il comprenne que lorsqu’il rejoint le professeur au centre, cela signifie caresse et repos.


Manière de mettre la selle



Après ce travail journalier, le professeur doit tenir le poulain très court par la longe du caveçon, l’assistant prend une selle sur son avant bras gauche et caresse l’animal avec sa main droite. Au début, il est souhaitable d’utiliser une selle anglaise sans étrier que l’on approche vers la tête du cheval pour que celui-ci la sente et se familiarise avec, tout en le caressant et en lui parlant pour lui donner confiance.

Une fois que vous avez répété cet exercice et que vous avez un cheval calme et confiant, l’assistant commence à poser la selle très délicatement sur le dos du cheval. Si celui-ci reste calme, on le félicite, on répète ce mouvement autant de fois que nécessaire jusqu’à obtenir un cheval totalement tranquille.


A chaque fois que le cheval bouge, le professeur doit faire vibrer le caveçon jusqu’à ce que le cheval soit calme. Une fois que le cheval reste en place, on repose la selle sur son dos et on laisse tomber la sangle sur le côté, avec beaucoup de précaution, l’assistant doit prendre la sangle et sangler juste assez pour que la selle reste en place. Ne surtout pas serrer la sangle fortement car le cheval peut mal réagir.

Il faut répéter cet exercice plusieurs fois en essayant petit à petit de serrer la sangle, ensuite on peut ajouter les étriers à la selle.

Pour enlever la selle, il est important de faire très attention, tout en le rassurant,  on dessangle doucement et on soulève délicatement la selle du dos de l’animal en faisant attention que les étriers ne le cognent pas.
Une fois que la selle a été posée et retirée plusieurs fois sur un cheval parfaitement immobile, on peut commencer à le faire marcher avec la selle en place. Dans un premier temps, le professeur marche avec lui en le tenant court, si le cheval marche bien sans poser de résistance, amener le cheval à prendre la piste au pas.

On peut ainsi se rendre compte que tout le travail réalisé à la longe jusqu’à maintenant à servis dans un premier temps à dominer le poulain, à le connaitre et à le soumettre à une gymnastique progressive qui le muscle petit à petit. Ce travail nous permet également de faire obéir le cheval à la voix et le faire passer aux trois allures, il apprend à ce moment là à s’équilibrer.

Jusqu’ici, nous avons un cheval dominé mais il manque encore beaucoup d’étapes avant qu’il soit dressé.


Manière de monter sur le poulain



Une fois la leçon habituelle donnée, le professeur doit prendre la longe du caveçon assez courte et placer le poulain contre un mur de la carrière avec la croupe dans le coin. Dans cette position, le cheval reste parallèle au mur du côté droit et le côté gauche reste libre pour commencer à le monter.

Un cavalier doit s’approcher doucement du cheval et manipuler légèrement l’étrier. Le cheval paniquera en entendant le bruit de l’étrier cogner contre le quartier de la selle. Le professeur doit le rassurer en lui parlant et faire vibrer un peu le caveçon. Après plusieurs essais et une fois que le cheval reste tranquille, le cavalier baisse l’étrier suffisamment pour pouvoir y placer son pied gauche sans que la pointe ne touche le cheval. Une fois en place, le cavalier caresse et donne confiance au poulain pour le tranquilliser.

Maintenant, le cavalier prend une poignée de crins dans la main gauche et place son pied gauche dans l’étrier. Si le cheval est bien immobile, le cavalier peut tenter de se lever doucement sur l’étrier mais pas encore sur le cheval. Si le cheval se défend et devient nerveux, le professeur manipule le caveçon en lui parlant pour le calmer. Cet exercice doit être répété autant de fois que nécessaire jusqu’à ce que le cavalier monte et descende de l’étrier avec un cheval complètement tranquille.

Cet exercice se pratiquera pendant plusieurs jours selon le tempérament du cheval.

Ensuite, le cavalier montera sur l’étrier et laissera tomber son corps sur la selle, avec sa main droite il caressera le cheval en même temps pour le rassurer.

Une fois que le cheval sera familiarisé avec cette opération, le professeur commencera à faire marcher le poulain avec le cavalier sur l’étrier. Le professeur doit tirer le cheval jusqu’à lui pour le faire marcher, si le cheval résiste, l’assistant se place derrière avec la chambrière pour le faire aller de l’avant. Au début, certains poulains veulent partir au galop et botter, dans ce cas, le professeur reste vigilant et utilise le caveçon en lui parlant pour le remettre au pas.

Au moment de l’arrêt, il faut bien caresser le cheval avec la main et la voix, on enlève la selle et on termine la leçon. Cette leçon doit être répétée jusqu’à ce que le cheval accepte de se déplacer avec le poids d’un cavalier.

Ensuite, le cavalier pourra passer la jambe sans toucher la croupe et se positionner sur le dos du cheval. Si le cheval à bien répondu à la leçon antérieure, il est fort probable que le cheval réagisse bien avec le cavalier sur le dos. Cependant, le professeur doit rester en alerte et corriger le cheval avec le caveçon si celui-ci se met à botter. Le professeur peut ensuite faire quelques tours de piste avant de caresser, féliciter le cheval et terminer la leçon.

Une fois que ce travail a été répété jusqu’à obtenir une parfaite sécurité et un bon contrôle du cheval, le professeur peut laisser plus de longe au cheval et le laisser s’éloigner de lui. Le cavalier utilisera sa voix pour le réconforter et le faire petit à petit passer aux autres allures.

Ensuite, le cavalier peut commencer à prendre les rênes pour la premières fois mais le professeur garde toujours contact avec la longe du caveçon. Le cavalier peut désormais faire marcher le cheval aux trois allures, l’arrêter et le diriger seul.

Lorsque l’on enlèvera la longe du caveçon, commencera alors le dressage proprement dit.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire